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 Andreï Romanov [Jeff Buckley]

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Jethro Phoenix
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Jethro Phoenix


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MessageSujet: Andreï Romanov [Jeff Buckley]   Andreï Romanov [Jeff Buckley] I_icon_minitimeDim 24 Mai - 21:20

Andreï Romanov


You may say I'm a dreamer
But I'm not the only one
I hope some day you'll join us
And the world will live as one
Imagine all the people...

Âge
Près de deux cent ans... je ne saurais préciser.

Présentation physique
Je t'avoue que je n'ai pas passé mon peu d'humanité à me regarder. A vrai dire, je n'ai que peu aperçu mon reflet, et quand cela se produisait je faisais plus attention au décor derrière moi, à l'oiseau qui échappe au chat, plutôt qu'à moi.
A quoi est-ce que je ressemble à l'extérieur ? Je me suis rarement posé la question, mais puisque tu y tiens...
Passant ma main sur mon visage, je devine mes traits francs et bien marqués. Mon menton est rugueux, ma chevelure soyeuse mais rebelle, taillée à la hache. L'une de mes sœurs me disait que j'avais le regard sombre et pétillant à la fois, et que je possédais un charisme presque... animal. Un très jeune animal. Oui je crois bien que c'était la façon dont elle me voyait. Pour elle, j'étais un louveteau.
J'ai le corps fin, la démarche légère, et il semblerait que je donne l'impression de flotter quand je me déplace. Je pourrais être sylphe, créature légère voyageant au gré du vent qui la compose...
Cette allure sauvage et aérienne ne m'a jamais quitté, je suis l'homme des bois, le sage, le poète, l'éternel jeune renard à l’œil vif qui se laisse distraire par le rouge-gorge sur sa branche et rêve de folles courses dans la forêt pour chasser l'une ou l'autre proie. En d'autres instants je suis statue de marbre, aussi expressif que la roche, et quand le monde réel ne m'intéresse pas, ce qui est souvent le cas, j'ai l'air d'un fantôme, frôlant les murs, le regard absent, plongé dans un monde merveilleux.
A vrai dire, tu me vois... mais je ne suis jamais vraiment là.

Caractère
Qu'en est-il de l'intérieur ? Il y a tant à dire. Mais je ne te dévoilerai pas tout !
Je vis dans un monde dont je suis le roi. Le tien m'est inaccessible. Je ne te vois pas, ne t'entends pas, ou bien très peu.
Je règne sur ton sommeil et sur tes rêves, mais loin de moi l'idée de te manipuler, je suis un être innocent et pur, dénué de mauvaises intentions. Si je te fais du mal, je ne le fais pas exprès. Je ne me rends pas compte de ce que tu peux ressentir ni de ce qui m'entoure.
Je suis sauvage, certes, mais je ne sais survivre. Me laisser tout seul assis dans un pré, c'est prendre le risque de me retrouver carbonisé au lever du soleil. Je ne sais prendre soin de moi-même car je ne suis jamais vraiment présent dans ton monde... Mon enveloppe charnelle et ma vie m'importent peu.
Je voyage à travers mon esprit, et je suis comblé.
Nomade de corps et d'âme.
Je suis timide, et c'est peu de le dire. Je parle très peu, uniquement quand c'est nécessaire, d'ailleurs on m'a longtemps cru muet et simple d'esprit.
Je suis très introverti, mais quand je laisse quelqu'un entrer dans mon monde, je m'y attache facilement et ouvre les portes de mon âme, sans méfiance, car je ne crains ni ne vois le mal autour de moi.
En dehors de la musique et de l'art je ne sais me concentrer, je suis toujours ailleurs. Rien ne sert de me bousculer pour me faire réagir ! Le peu d'intérêt que je t'apporterai fera en sorte de t'agacer, et je t'ignorerai royalement, comme un sale gosse contrarié. Et soudain sans que tu ne saches pourquoi, je pourrais me mettre à rire ou bien à sourire, je me joue des gens parfois, mais rarement car pour la plupart, vous ne m'intéressez pas.
Peu d'entre vous peuvent prétendre savoir comment me parler et me faire redescendre sur Terre.
Malgré mes absences régulières, je suis quelqu'un de curieux. Parfois, un insignifiant détail peut susciter mon intérêt.
Ne me considère pas comme un être complexe, au fond je n'ai seulement pas le sens de la réalité.
A toi de me comprendre... moi je ne te comprendrai pas, car je vogue vers différents horizons, à mille lieux de ton univers.
Voudrais-tu que je t'emmène avec moi ? C'est si beau là-bas... Et j'ai quelque chose à te montrer.
Suis-moi !

Histoire

- A trop rêver le monde... on en vient à préférer le rêve au monde -
[Réjean Bonenfant]

Tu me sembles fatigué, si fatigué. Las de tout et de rien. Heureux, malheureux ? Cela dépend des jours, mais tu ne pourrais affirmer les deux.
Ta vie est compliquée, tu ne dors pas assez... et il y a des matins où tu souhaiterais ne pas te réveiller, car ta réalité t'effraie, et tes rêves sont de toute beauté.
Ces pensées sauvages sont ta terre promise. Tu voudrais palper des doigts tes inaccessibles songes.
Ce qui échappe à ton contrôle est bien plus attractif, n'est-ce pas ?
Sans pouvoir régner, tu es roi. Monarque d'un vaste domaine que tu n'as qu'entrevu, et que jamais personne ne pourra te dérober.
Viens, suis-moi, pourchassons tes rêves à travers les prés fleuris de nos âmes. Il y a tant de choses à découvrir ! Monstres et merveilles n'attendent que nous.
Laisse-toi aller, détends-toi. Affaisse-toi sur ton inconfortable chaise et trouve-la aussi moelleuse qu'un bon vieux fauteuil en cuir. Dévie la projection de ta lampe de bureau, et si la lumière t'agresse encore, éteins-là. Ce sera l'ambiance tamisée, ou la nuit.
Evade-toi un instant de toi-même et laisse-toi porter par la musique. Autour de toi, tout est calme et paisible.
Non, non, ne t'endors pas encore, voyons. Comment feras-tu pour lire ?
Je suis derrière toi, n'aies crainte. Ne te retourne pas.
Mes mains caressent ta nuque et remonte derrière ta tête, éveillant les terminaisons nerveuses de ton cuir chevelu. Nous sommes assis au coeur d'une vaste plaine. Le pollen virevolte, oiseaux et papillons batifolent, et les nuages se déplacent lentement au-dessus de nous dans l'immensité du ciel.
Si tu les regardes assez longtemps, évacuant toutes pensées de ton esprit, tu sentiras tourner la Terre dans l'Univers.
Respire ce parfum boisé, laisse tes sens s'éveiller.
Mes mains viennent caresser ton front, tes joues, ta gorge, et si j'étais encore en vie tu sentirais mon souffle dans le creux de ton cou.
Une telle évasion te donne le vertige. Le temps n'a plus la même notion qu'avant, ta vie est loin, très loin de nous, ton corps est à des années-lumière de ton esprit.
Allonge-toi dans les hautes herbes... Je vais te conter une histoire qui n'a pas de sens.
Elle vient d'un autre monde que celui où nous nous trouvons désormais. Un monde où tu as pris racine, un monde que tentent de t'arracher tes rêves de bonheur et de liberté... la réalité, comme on dit. Un monde où je ne me suis jamais vraiment senti à ma place, et que je n'ai qu'à peine connu.
J'ignore même si je me souviens des grandes lignes, parfois la mémoire me fait défaut... Et je n'ai jamais su vraiment me concentrer.

- Un rêve de voyage... c'est déjà un voyage -
[Marek Halter]

Il était une fois Andreï Romanov... issu d'une famille tzigane, né dans une roulotte sur une petite route de campagne, quelque part en Roumanie. Vous dire quand exactement m'est impossible, seul celui qui m'a offert l'éternité pour rêver pourra vous donner mon âge en tant que vampire. Ajoutez à cet âge une vingtaine d'années environ, en jugeant d'après mon apparence.
Oh et puis, après tout, mon âge on s'en fout.
J'ai grandi durant un perpétuel voyage, c'est tout juste si je ne voyais pas un paysage différent chaque matin en me levant. Nous ne restions guère plus de quelques semaines au même endroit.
Dans ma famille, nous n'avions pas tous le même sang. Certains nous rejoignaient sans que l'on ne se pose de questions, et restaient avec nous toute leur vie. Ainsi je possédais toute une ribambelle de frères et de sœurs, peut-être bien plus de quinze, sans compter ceux qui étaient morts avant d'avoir su parler. J'avais six oncles, quatre tantes, mais à vrai dire toutes les grandes personnes de ma famille étaient mes parents. Je n'ai jamais connu ma véritable mère, morte de la grippe lorsque j'avais six mois. Mon père était le fils du chef de famille, un homme sage et de bon conseil.
La vie de tzigane n'a jamais été simple, situer le début de mon histoire aujourd'hui n'occasionnerait pas vraiment de changements.
Les gens du voyage ont toujours eu un grand sens de la vie en communauté. S'ils vous accordent leur confiance, c'est que vous faites désormais partie de leur famille, peu importe les liens du sang et ce que vous êtes. S'ils vous jugent de bonne âme, ils vous offrent leur cœur et un accueil chaleureux parmi eux.
Mais voilà, leur mode de vie, leurs traditions et leur renommée dérangent beaucoup de gens. Ils vivent au jour le jour et comme beaucoup de gitans volent pour se nourrir, à défaut d'avoir un salaire, la société les met tous dans le même sac et les rejette, voire les persécute quand ils s'installent là où il ne faut pas.
Lorsque j'avais sept ans, les habitants d'un village ont pendu mon père et coupé les mains de l'un de mes petits frères, après les avoir accusé de vol sans preuves. La famille a connu nombre d'autres tragédies mais s'en est toujours relevée.
Aujourd'hui encore, tout ce qui s'est passé pendant mon enfance est bien loin de moi. Jamais je n'ai été triste, car jamais je ne me suis réellement rendu compte de ce qui m'entourait.
J'étais le doux rêveur, le simple d'esprit, parce que je ne parlais pas, n'écoutais pas, et me perdais dans un autre monde à longueur de journée. Où étais-je ? Pas sur Terre. Je visais le ciel et je voulais m'y rendre, je m'imaginais prendre la forme d'un oiseau et traverser le monde sans rencontrer d'autres êtres humains, je voulais être seul et heureux.

- J'ai tant rêvé que je ne suis plus d'ici -
[Léon-Paul Fargue]

La seule chose qui m'intéressait dans le monde réel était l'art. La musique comme la peinture, qui me permettaient de voyager davantage. Je composais le monde dont je rêvais, peu m'importait que les autres le comprennent ou pas. Rien d'autre n'avait d'importance, et même si parfois j'essayais de rejoindre la réalité et de m'y intéresser, je trouvais toujours mieux à penser. Le malheur jamais ne me touchait, je demeurai d'une expression de pierre quand mon père cessa de gesticuler au bout de sa corde.
Ainsi je ne souffrais pas. Et on avait beau me blâmer... on m'enviait beaucoup parfois.
Me blâmeras-tu, toi aussi ? Qui es-tu pour me juger ? En refusant de pleurer je ne fais aucun mal...
En parcourant la voie de l'imaginaire tandis que les autres s'enfermaient dans la tristesse, j'étais protégé. Malgré tout ce qui s'est passé, et tout ce que je n'ai pas vu se passer, je n'ai jamais souffert.
Je suis un homme heureux car je rêve...
Un jour, un inconnu rejoignit notre famille nombreuse. Il se nommait Anikeï, on ignorait tout de lui, et pourtant aucun d'entre nous ne le jugea, surtout pas moi. On se doutait qu'il possédait un passé louche de part sa manière d'être et de dissimuler sans cesse, mais on ne s'en inquiétait pas.
Anikeï était un type particulier. J'étais un tout jeune homme et il devait avoir à peu près mon âge. Il tenta de me sociabiliser, m'agaçant parfois, troublant mes rêves, mais il ne me voulait pas de mal...
Quelques semaines après son arrivée, les autorités vinrent fouiller et saccager notre campement. Ils le recherchaient pour de nombreux meurtres. Anikeï s'était caché dans notre groupe pour échapper à la justice. Il ne voulait pas être pendu, alors il s'enfuit, et m’entraîna avec lui contre mon gré. Je fus forcé de le suivre, quittant ma famille, quittant la région, lui servant de bouclier. Je n'osais fuir, car il menaçait de me trancher la gorge si je tentais quoique ce soit.
Nous parcourûmes quelques centaines de kilomètres, j'ignore où il souhaitait se rendre, je crois qu'il n'avait pas de but précis. Mais en tous les cas, il ne voulait pas se retrouver seul, et me gardait près de lui. Je ne sais même plus si je lui en voulais, je crois que je m'en fichais, au fond ma vie comptait peu.
Mais un soir où Anikeï était ivre, il me fit part de son projet de me tuer. Il était revenu dans son pays natal, en Sibérie, et n'avait plus besoin de moi. L'instinct de survie que je pensais absent de ma personne se manifesta ce soir-là... Et je plantai dans le dos d'Anikeï la dague avec laquelle il m'avait menacé durant des semaines.
Et je me retrouvai seul, complètement perdu, au cœur d'une ville et d'un pays dont j'ignorais tout.
J'avais froid, je ne savais pas où aller, j'étais pétrifié. Je n'osais m'approcher de quiconque, je me sentais comme un oisillon tombé du nid dans la neige. Et tel l'oisillon je restai immobile dans la rue, attendant qu'un renard vienne le dévorer. Je me recroquevillai dans un coin, attendant la délivrance, rêvant de contrées agréables et merveilleuses, me laissant bercer par la chaleur de mes utopies.
Je sentais le froid et la faim m’entraîner doucement vers un sommeil ardemment désiré, lorsqu'une bande de brigands décida de s'amuser avec moi, jouant avec mes maigres affaires, me poussant, et se moquant de moi. J'étais faible et ils en profitaient !
Et pour la première fois de mon existence je décidai de ne pas me laisser faire. J'étais agile et vif, et mon sang tzigane bouillonnait, j'attrapai une lame dans le fourreau de l'un des inconnus et les menaçai avec, ce qu'ils n'apprécièrent guère.
Ils s'en donnèrent à cœur joie pour me désarmer, profitant de leur nombre, et retournèrent cette même lame dans mon corps, me laissant choir dans la neige, face contre terre. La seule chose à laquelle je pensai à ce moment-là était que mon sang qui se diluait dans la neige serait une teinte parfaite pour une oeuvre que j'avais en tête depuis des semaines. Et je commençai à peindre dans la neige avec ma vitae, innocemment, coupé de la réalité, tandis qu'un affrontement se déclenchait tout près de moi.
Un inconnu tombé du ciel, une ombre surgissant de nulle part - un ange peut-être - s'interposa entre mon destin et la fatalité. Et je fis une chose qui ne m'aurait jamais traversé l'esprit auparavant : je délaissai un instant mon oeuvre pour m'abandonner dans les griffes de la réalité, laissant mon cœur s'affoler dans ma poitrine à la vue du spectacle qui se produisait devant moi. Une peur sans pareil s'empara de mon être, quelque chose que je n'avais jamais ressenti. Mes rêves ne me protégeaient plus... car je l'avais voulu.
Dans la nuit, la silhouette du nouvel arrivant se dessinait comme l'ombre d'un être surnaturel, ses mouvements étaient fluides, ses gestes incroyablement rapides, et à plusieurs reprises, force me fut de constater qu'il n'était pas vraiment... Comme vous et moi. Et la façon dont il s'adressait à ces brigands était si... si...
Encore aujourd'hui, tu vois, je reste impressionné par cette rencontre fabuleuse. J'oublie beaucoup, mais je me souviendrai éternellement de cette nuit.
Il effraya les bandits qui détalèrent sans demander leur reste. Je croisai son regard... et dans une harmonie parfaite nous levâmes tous deux les yeux vers le ciel sans nuages...

- Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité -
[Antoine de Saint-Exupéry]

Ma blessure n'était pas grave, et il me suffit de quelques jours de repos et de l'expérience en médecine naturelle de mon sauveur pour m'en remettre. Il se nommait Wiccan Horus. Je lui étais grandement reconnaissant, et pour le lui prouver je faisais l'effort de parler, de me concentrer. Nous eûmes une conversation sur notre vision du monde et de la réalité, et je trouvais en lui un interlocuteur fort intéressant.
Il avait une telle présence, un charisme magique, qu'il ne pouvait être humain... Il était mon ange gardien, c'était ma seule explication.
Un rêve d'un réalisme foudroyant... Je fus tenté de croire que j'étais mort et que j'avais rencontré dans l'au-delà l'être merveilleux qui saurait être mon guide, ma muse. Il m'inspirait beaucoup et je composais pour lui toutes sortes de choses, des toiles uniques que je détruisais après lui avoir montré, afin qu'il soit le seul à en profiter, de la musique que j'improvisais sur l'instant... Tout ce que j'étais capable de créer, je le lui offrais.
Je me surprenais à ignorer le reste du monde... et à l’idolâtrer, Lui. J'avais trouvé un intérêt à cette réalité que je fus ma foi bien obligé de prendre en considération... Peut-être était-il temps que je devienne comme tout le monde, après tout ?
Pour lui j'avais envie d'être quelqu'un de responsable, de ne plus être ce boulet que l'on traîne derrière soi. Je mis tout en oeuvre pour survivre seul et subvenir à mes propres besoins, entre le vol à la tire, les petits boulots, et une petite pièce pour dormir dans un quelconque quartier mal famé. Le jour je traînais dans la rue, prenais racine sur un trottoir pour jouer de la guitare, et de temps en temps, le soir, je rendais visite à Wiccan. Je ne désirai pas l'envahir et lui imposer ma présence trop souvent, car ce qui est rare est souvent plus appréciable...
Qui était-il vraiment ? J'ai rarement osé lui demander de me conter un passage de sa longue histoire, je ne voulais pas le blesser davantage qu'il ne semblait l'être. Sentir déborder sa souffrance sans même qu'il n'en parle était déjà bien difficile.
Oh, je lui ai raconté la mienne, je crois, mais comme vous le savez, je n'ai jamais attaché une quelconque importance à quoi que ce soit, jusqu'à cette fameuse nuit où je rencontrai mon ange gardien...
Comme tout ange qui se respecte, Wiccan avait l'éternité devant lui. Ca fait rêver, n'est-ce pas ? Je me permettais d'intégrer l'immortalité à mes rêves et de laisser vagabonder mon esprit en méditant sur la vie et la mort... et puis j'eus une révélation. Et si... je pouvais rêver sans fin ?
Ma muse accepta de m'offrir le cadeau de la vie éternelle, et je me fis une joie de mourir pour me réveiller mort face à lui.

- La vie est un rêve, mais rêver n'est pas vivre -
[Constantÿn Huygens]

Vraiment ? Eh bien dans ce cas, mourrons, mes amis. Mourrons...
Le temps filait à une vitesse impressionnante, semblait-il. Et un don particulier se développa en moi... celui de pouvoir faire partager mes rêves à n'importe qui ! Enfin, je n'étais plus seul à entrevoir le paradis ! Durant plus de cinquante années, Wiccan m'apprit ce qu'était un vampire et comment utiliser mon pouvoir.
Je pouvais m'immiscer dans l'inconscient de quelqu'un et maitriser ses songes, je pouvais décider de la durée et de la qualité de son sommeil... Et je voyageais dans un monde merveilleux en compagnie de Wiccan qui avait le don de copier mon pouvoir et de se l'approprier. Mon Sire faisait désormais partie intégrante de ma non-vie...
Au début, j'eus beaucoup de mal à comprendre pourquoi je devais me nourrir de sang. Au bout de quelques oublis assez conséquents, je compris vraiment ce que la Soif pouvait engendrer... Et une nuit, alors que je faisais rêver une jeune femme, je la vidais de son sang sans même m'en rendre compte. Son dernier soupir fut comme un ultime souffle de bonheur et elle s'affaissa le sourire aux lèvres.
Sa mort me perturba grandement, et pour une fois, je pris pleinement conscience de mon geste. A croire que mon cas n'était pas si désespéré... Je devinai la frontière entre le bien et le mal que je venais de franchir, et me jurai de me concentrer pour ne plus jamais recommencer.
Mais tu l'auras compris, me concentrer n'est pas une mince affaire. Encore aujourd'hui, j'ai éternellement besoin d'assistance, je ne retiens rien, je ne fais attention à rien, et cela peut m'être fatal en de nombreuses circonstances... Un être de la nuit possède ses faiblesses, mais c'est tellement négligeable face à mes dons !
Je suis comme le marchand de sable... J'apporte le sommeil aux gens que je rencontre, je côtoie le reste du monde en dehors de la réalité, et je peux à loisir le plonger dans toutes sortes de rêves merveilleux mais aussi de cauchemars. Je suis le maître d'un monde sans frontières !
Je devais voler de mes propres ailes, et finis par emprunter un chemin différent de celui de Wiccan. Mais je savais que jamais il ne quitterait mes songes, et que nos chemins se croiseraient à nouveau... Dans le monde réel ou non.
Au bout de quelques temps, et sans vraiment me souvenir comment, je me retrouvai en Autriche. Je rencontrai un couple de vampires anciens qui s'attacha très vite à moi, et décida de veiller sur moi.
L'indépendance fut de courte durée, Isaure et Aaron me considérèrent comme leur fils et me protégèrent comme les parents poules qu'ils avaient rêvé d'être durant quelques siècles. Ils parvinrent à me convaincre de rester à leurs côtés pour l'éternité.
Les années, les décennies défilèrent. Je développai mon pouvoir et m'enfermait progressivement dans la bulle que j'avais passé si longtemps à construire, entraînant avec moi mes parents adoptifs, jour après jour, durant leur sommeil.
Et une nuit... je plongeai dans un profond coma, emprisonnant Isaure et Aaron dans mon esprit.
Ce sommeil dura deux ans, durant lesquels nos corps se ratatinèrent, privés de sang, baignant dans la poussière... jusqu'à une nuit où une jeune femme sans abri trouva refuge dans notre demeure et découvrit ma carcasse dans mon lit. L'appel du sang me réveilla en sursaut et la Soif fut si incontrôlable que je retrouvai un semblant de force et attirait l'inconnue contre moi pour me nourrir.
Je luttai contre cette envie de la boire jusqu'à la dernière goutte, et parvins finalement à la libérer de mon étreinte. Elle manquait cruellement de sang, et je la sentais partir, mais je ne voulais pas l'abandonner ! Je m'en voulais tellement de lui prendre sa vie... J'aurais donné n'importe quoi pour la sauver.
Je voulais faire d'elle un vampire, pour qu'elle survive ! Elle était si jeune, si jolie, elle aurait pu avoir un bel avenir devant elle... Je voulais qu'elle soit heureuse, et qu'elle puisse rêver, elle aussi !
Elle perdit la vie mais gagna le rêve, et tandis que le Baiser l'achevait, manquant de m'entraîner dans une mort définitive, elle aussi se glissa dans mes songes, et je partage toutes mes heures de sommeil avec elle depuis ce jour.

- Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve -
[Antoine de Saint-Exupéry]

Elle s'appelle Sirkis. Viens, ma belle, je vais te présenter à notre ami !
Tu vois, c'est elle, là bas, en robe bleue, qui danse dans le pré. C'est ce don je voulais te parler au début, c'est elle que je voudrais te présenter. Elle a l'air heureuse, n'est-ce pas ?
Ce qu'elle est pour moi, à présent ? Je ne sais pas vraiment... Mais je l'adore ! J'ai tant rêvé avec elle, nous avons vécu des choses merveilleuses ensemble.
Et mes parents de cœur ? Ils sont toujours là, eux aussi. Je ne suis jamais seul, ma famille est avec moi en permanence ! Et je rêve la suite de leur histoire, ils sont là pour moi quand je le souhaites.
Aaron et Isaure étaient tombés endormis lors d'une promenade au parc la nuit où j'ai sombré... Je n'aurais pas pu les sauver, le soleil s'est chargé de leur éviter la transformation due au manque de sang. Mais ils sont heureux avec moi, eux aussi ! Regarde-les, ils se reposent sous un arbre, le sourire aux lèvres, profitant de cette paisible après-midi... On les croirait humains et en vie.
Un beau jour, je partageai un rêve avec Wiccan, comme cela m'arrivait de temps à autre, et nous décidâmes de nous retrouver en un lieu nommé Vampire's Kingdom, dont je n'avais jamais entendu parler, un royaume secret où se rassemblaient nombre d'individus comme nous, tous aussi dangereux les uns que les autres... Mais un endroit probablement plus sûr pour moi, car je serai tout près de mon Sire.
J'acceptai sans hésiter... Et une nuit de pleine lune, ayant pris ses rêves à deux mains, le marchand de sable et sa famille se retrouvèrent aux portes du royaume des vampires.
La brise s'est levée et l'atmosphère se fait plus fraîche, je crois qu'il est temps de rentrer, qu'en penses-tu ? Je te tends la main, relève-toi.
Nous sommes chez toi et tu es devant ton écran. Autour de toi le bruit revient, le monde réel t'envahit à nouveau. Nos rêves sont déjà si loin...
Nous reverrons-nous ? Bien sûr... Quand ta joue caressera l'oreiller, je serai là, près de toi.
Tu fermeras les paupières... et je serai maître de tes songes.
Que la nuit te soit douce... Demain je te conterai une autre histoire.

Pouvoirs
Je suis le marchand de sable, je veille sur ton sommeil et tes rêves.
J'ai le don de provoquer l'endormissement, agissant sur sa durée et sa qualité. Et dès lors je fais voyager ton esprit. Je règne sur ton subconscient pour te suggérer le rêve, cela-dit il peut également prendre la forme d'un cauchemar.
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